Habiter l’humanité : réflexions sur la culture, le capitalisme et le désir de vivre ensemble

Suite à un échange avec Marillon, https://sache-communication.fr/

“Habiter l’humanité” n’est pas seulement un slogan, c’est un appel à l’action. C’est une invitation à construire ensemble un monde où la diversité est célébrée, où les cultures sont protégées et où le désir de vivre ensemble devient une réalité palpable. Continuons à réfléchir et à agir ensemble pour un avenir meilleur.

Dans notre monde actuel, dominé par le capitalisme et marqué par des tensions culturelles et sociales, la question de savoir pourquoi et comment nous voulons vivre ensemble prend une importance cruciale. Le slogan “Habiter l’humanité”, proposé par Marillon, résume parfaitement cette nécessité de créer un désir collectif de coexistence harmonieuse et respectueuse de nos diversités.

Le défi du multiculturalisme et de la mémoire partagée

Notre histoire est une mosaïque complexe de cultures, de luttes et de transformations. “La France a 300 ans d’histoire commune avec le Sénégal”, disait De Gaulle. Mais où est passée cette mémoire partagée ? Les héros des révoltes d’esclaves et les contributions des peuples colonisés à nos sociétés modernes sont souvent effacés ou minimisés. Léonora Miano, dans ses ouvrages comme La Saison de l’ombre, souligne l’importance de ces histoires partagées. Valoriser le multiculturalisme signifie reconnaître et intégrer ces histoires dans notre narration collective.

La critique de l’occidentalisme

Le texte partagé critique l’occidentalisme, qui n’a rien à voir avec les traditions européennes authentiques mais est plutôt une construction moderne exploitant les cultures pour des fins commerciales. Cette exploitation est une trahison des valeurs et des traditions profondes des peuples européens, et plus largement, de tous ceux dont les cultures sont marchandisées par le capitalisme.

Le capitalisme et la culture

Le capitalisme transforme tout en marchandise, y compris notre patrimoine culturel. En France, comme ailleurs, le souci du patrimoine courbe l’échine devant la vénalité. Tout est à vendre, et la culture n’échappe pas à cette règle. Cette marchandisation entraîne une déshumanisation, rendant urgent le besoin de protéger et de valoriser nos traditions sans les trahir. Frantz Fanon, dans Peau noire, masques blancs, offre des perspectives critiques sur la déshumanisation par le capitalisme et le colonialisme.

Créer le désir de vivre ensemble

Pour véritablement habiter l’humanité, nous devons créer ce désir de vivre ensemble. Ce n’est pas une tâche facile, car la violence et la division, bien que bruyantes, dominent souvent le discours. Pourtant, sous la surface, beaucoup d’entre nous aspirent à partager et à apprendre des autres cultures. Pour cela, il est essentiel de valoriser les histoires et les contributions de tous, de reconnaître nos erreurs passées et de réviser nos perspectives.

L’universel humain et la psychanalyse

La réflexion sur l’universel humain peut être liée à l’asservissement à l’argent et à la “structuration collective de la conscience individuelle. L’argent, en tant que concept universel, souligne l’importance de la croyance partagée et de la nécessité d’un collectif. Cela indique que notre réalité sociale est en grande partie imaginaire et que nous avons besoin d’être plusieurs pour croire et pour parler. Cette perspective est enrichie par des analyses issues de la psychanalyse, qui soulignent l’importance de la croyance collective pour la cohésion sociale.

Vers une nouvelle définition de la culture

Pour protéger et valoriser nos cultures traditionnelles, nous devons revisiter ce que nous appelons “culture”. Il est crucial de reconnaître que les paysans et ouvriers paysans produisent une culture aussi précieuse que celle des grandes institutions. En confrontant les puissants et en valorisant les “autres”, nous pouvons créer une société plus juste et inclusive.

Ressources :

https://www.grasset.fr/livre/afropea-9782246817178/

Interview de Léonora Miano – France Culture

Comment construire son identité entre deux espaces, entre deux filiations et faire un pas de côté face à l’héritage douloureux, subi de l’esclavagisme et du colonialisme ? C’est à cet horizon que se frotte la romancière et essayiste Léonora Miano dans son essai “Afropea : utopie post-occidentale et post-raciste” (Grasset, septembre 2020).

L’Afropea de Léonora Miano propose à ceux qui s’ancrent dans deux géographies, l’Afrique subsaharienne et l’Europe, de se réinventer, de forger une identité sociale et culturelle choisie et non subie. Ni manifeste ni utopie, son projet est une invitation à prendre la parole pour inventer une représentation de soi.

Afropea. Utopie postoccidentale et post-raciste – Christel Zogning Meli

https://www.cairn.info/revue-afrique-en-mouvement-2022-1-page-81.htm

Service d’accompagnement du capital humain

https://sache-communication.fr/podcasts/commandes/projets-associatifs/

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Valentin
24 juillet 2024 09:17

Quelques réflexions sur aider notre société à mieux “habiter l’humanité” depuis cet article :

https://www.cairn.info/revue-pour-2024-1-page-37.htm?modal=share-tap&tap=7ixs7vmyb5c1i

“La simplification du réel pour le rendre intelligible est une des caractéristiques du populisme. C’est l’une des raisons qui expliquent son succès car elle contraste avec des analyses plus complexes, exigeant du temps et n’apportant pas forcément de réponses immédiates satisfaisantes.”

“Mais derrière le voile du rejet de l’autre, ce sont en réalité les inégalités sociales et économiques qui engendrent une réaction conservatrice faisant de la « nation » le rempart au déclin et au déclassement. L’épisode du « mouvement » des Gilets jaunes en a été la parfaite illustration. Taxés de populistes, les manifestants exprimaient en réalité moins le refus de la démocratie que l’appel à son renouvellement, l’appel à ce que les élites dirigeantes soient bien au fait des difficultés économiques de la vie quotidienne de la « France périphérique » [11].”

“Cette éducation doit aussi s’appuyer sur une école repensée dans son organisation de manière à assurer une réelle mixité sociale et scolaire. Car en côtoyant des élèves venant de différents milieux, chacun d’entre eux accédera à d’autres univers de pensée et construira sa citoyenneté de manière avisée. C’est aussi à cette condition qu’il sera possible de lutter contre les déterminismes sociaux et le ressentiment qui en émane.

Lutter contre le populisme et l’anti-intellectualisme exige de saisir les facteurs qui les favorisent. Incontestablement, la distance entre les catégories populaires et les élites puise sa genèse dans le séparatisme social et culturel qui se développe, à mesure que les écoles et les établissements scolaires connaissent de moins en moins de mixité sociale et scolaire.”

“L’éducation à l’esprit éclairé et critique est une manière de prévenir, dès le jeune âge, le risque de développer une résistance critique et négative à l’égard des savoirs et de la culture. Elle vise à transmettre des savoirs qui deviendront, parce qu’ils seront appropriés par les élèves et les jeunes, des outils de lucidité, de rationalité pour mieux comprendre le monde d’aujourd’hui et celui à venir.

Il ne s’agit pas de surestimer les effets d’une telle éducation dans la mesure où l’école ne peut plus prétendre raisonnablement lutter « à armes égales » contre l’emprise des médias et des réseaux sociaux. Il s’agit plus modestement de se demander si et comment à son niveau, l’institution scolaire peut doublement former à un usage éclairé de l’intelligence du monde, et veiller à ce que l’acte éducatif soit, en lui-même, générateur d’une confiance qu’autorisent les pédagogies actives, la prise de parole par l’élève et le débat collectif.”

” Si de nombreux chercheurs en sciences sociales ont insisté sur le risque d’appréhender la scolarité des populations d’origine immigrée en termes d’altérité et surtout d’« ethnicité », on observe dans le même temps un essor de publications évoquant une « ethnicisation » affectant les rapports sociaux au sein et en dehors des écoles et des établissements scolaires, le plus souvent pour dénoncer des processus de stigmatisation, renforcés notamment par la faible mixité sociale et par la dégradation des conditions de vie dans certains territoires ou quartiers [17]. Agnès van Zanten use de la notion d’« école de la périphérie » pour inscrire l’analyse dans le cadre des territoires de l’éducation afin d’en dégager des enseignements sur la ségrégation urbaine qui est à la fois ethnique et sociale. Ainsi, « si l’école périphérique mérite d’être étudiée de façon distincte, c’est tout d’abord parce qu’elle s’adresse à une population spécifique : les familles des classes populaires marginalisées parmi lesquelles les familles d’origine immigrée sont largement surreprésentées » [18].

La forte corrélation entre l’origine sociale et la réussite scolaire conduit à une polarisation entre établissements : ainsi, si théoriquement, et en l’absence de ségrégation, chaque collégien devrait compter 22 % de camarades provenant de catégorie sociale favorisée, dans les faits, les élèves issus de CSP+ comptent 34 % de camarades provenant du même milieu social. Ceux qui proviennent de milieux moins favorisés ne comptent que 18 % de camarades issus de CSP+ [19]. L’ampleur de la ségrégation entre établissements peut s’apprécier en se focalisant sur les collèges à forte concentration d’élèves issus de milieux moins favorisés (ouvriers, demandeurs d’emploi, inactifs). 10 % de ces élèves, qui représentent au total 37 % des publics de troisième, comptent 63 % de camarades issus du même milieu social ; 5 % en comptent 71 % ou plus.”

“Les leviers identifiés afin de promouvoir une mixité sociale et scolaire tiennent à trois dimensions sur lesquelles une politique volontariste devra agir : l’incitation des familles favorisées à scolariser leurs enfants dans des établissements socialement hétérogènes ; la régulation de l’offre en veillant à ce que le secteur privé ne renforce pas l’entre-soi choisi – ce qui par exemple passe par une exigence à l’égard des établissements privés sous contrat quant à l’accompagnement des élèves en difficulté, la tendance étant celle de leur exclusion pour un retour vers le secteur public – ; le travail visant à convaincre, exemples empiriques à l’appui, une partie du corps enseignant qui ne semble pas convaincue de l’intérêt de la mixité sociale et scolaire et qu’il faudra, si nécessaire, accompagner au plan didactique et pédagogique, par exemple en alliant pédagogie différenciée et coopération entre les élèves ; l’action sur la politique de la ville et des quartiers en introduisant davantage de mixité résidentielle, ce qui constitue un défi dans un contexte immobilier tendu.

Cette dernière dimension montre à l’évidence qu’une politique scolaire en faveur de la mixité sociale ne peut être qu’interministérielle et multipartenariale, associant l’État, les collectivités locales et le monde associatif. C’est bien à une politique volontariste, qui rallie à sa cause les usagers à commencer par les familles, que revient la mise en œuvre d’une réelle mixité sociale.”

Dernière modification le il y a 6 mois par Valentin B
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