Tu es climatologue — ou simplement chercheur·se ? Tu es privé·e de recherche.
Depuis la réélection de Donald Trump, les entraves à la liberté scientifique se sont multipliées aux États-Unis. Katherine Calvin, scientifique en chef de la NASA, a été empêchée de participer à une réunion-clé du GIEC en Chine, où devait être adopté le plan du prochain rapport d’évaluation sur le climat, prévu pour 2029.
→ Le Monde
Dans le même temps, la NASA a résilié le contrat de l’équipe soutenant la participation américaine au GIEC. Cette exclusion des plus hautes instances scientifiques mondiales n’est pas un cas isolé.
Une liste noire d’environ 120 mots — incluant « climat », « femme », « diversité », « justice environnementale », « préjugé » — a été diffusée auprès des agences fédérales. Les chercheurs sont priés de les éviter dans toute demande de subvention s’ils souhaitent être financés.
Ces interdictions font écho à une politique plus vaste et structurée. Le Silencing Science Tracker, base de données établie par le Sabin Center (université Columbia), recense plus de 500 actions de censure, d’éviction ou de sabotage scientifique depuis 2016.
Sites officiels modifiés ou effacés, climatologues limogés, publication scientifique muselée : un effacement délibéré du savoir, documenté et assumé.
Cette offensive contre la science s’inscrit dans ce que Jean-Baptiste Fressoz désignait dès 2018 comme le carbofascisme : une convergence entre l’extrême droite autoritaire et les intérêts des industries fossiles.
→ Libération
Un phénomène aujourd’hui mondialisé. En Europe, du Rassemblement national à l’AfD allemande, les droites radicales reprennent le même triptyque : climatoscepticisme, souverainisme énergétique, rejet de l’écologie.
→ Blast
Le Zetkin Collective en a fait la démonstration dans Fascisme fossile (La Fabrique, 2020) : à mesure que la crise climatique s’intensifie, la tentation autoritaire s’accentue. Voir le livre Fascisme fossile.
Le point commun à toutes ces stratégies : produire de l’ignorance. Faire de la science un ennemi. Créer un climat où les faits dérangent, où l’écologie devient suspecte, et où les chercheurs doivent choisir entre se taire ou s’exiler.